Ah, le petit personnel !

La consigne de ce petit texte, imaginée par mon amie Sophie, était le suivant « Vous ne voulez plus entendre parler du… Pourquoi ? » Puis nous avons sélectionné un mot au hasard dans un livre, et nous sommes tombées sur « chauffeur »… Voici donc le témoignage de madame R., qui a souhaité rester anonyme.

Je ne veux plus entendre parler du chauffeur. Je vois bien, quand je croise son regard dans le rétroviseur, qu’il me juge. Il me demande « Où allons-nous, madame ? » et quand je réponds « Chez le coiffeur », je vois bien qu’il crève d’envie de me faire une remarque désobligeante sur ma mise en plis. L’autre jour, j’étais au téléphone avec une de mes amies, et il n’en a pas raté une miette. Il faisait mine de s’intéresser à la route, mais je ne suis pas dupe. J’ai baissé la vitre de séparation, mais il écoutait toujours, j’en suis sûre. Je jurerais même avoir entendu un petit ricanement quand j’ai passé ma commande chez la couturière et qu’elle m’a fait répéter trois fois mon tour de poitrine, pour les mesures. Ce n’est pas ce qu’il dit, il sait tenir sa langue, mais c’est la façon dont son regard s’attarde une seconde de trop sur mon décolleté, c’est la manière dont il m’a fait attendre une bonne demi-minute avant de venir m’accueillir avec un parapluie l’autre jour. Je n’ai jamais totalement récupéré ma permanente ! Et il prend de plus en plus d’assurance. Vendredi dernier, quand je suis revenue de chez Ladurée avec une boîte de 24 macarons, il a osé me demander si j’attendais du monde. Je me sens de plus en plus mal à l’aise en sa présence. Je vérifie toujours deux fois que ma tenue est bien assortie, que mon mascara ne coule pas, que mon tailleur n’est pas trop moulant, mais quand même suffisamment, que mes cheveux tiennent parfaitement en place et surtout que je n’ai pas de morceau de salade coincée entre les dents. Ça, je ne le supporterai pas.

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