Bras de fer

Ce texte est tiré d’une consigne proposée lors d’un atelier par mon amie A. Il s’agissait de partir d’une phrase (je ne vous dis pas laquelle pour l’instant) et de l’intégrer où nous le souhaitions dans un texte. Voici le texte…

Les Martin et les Marteau étaient arrivés dans le lotissement en même temps, à quelques jours près. Les voisins se demandaient qui allait s’installer aux numéros 10 et 11, dont les façades décrépies rappelaient à tous que les propriétaires n’avaient plus depuis longtemps ni la volonté ni le courage de prendre soin de leur environnement. Les deux maisons étaient restées en vente des mois durant, laissant pleinement aux mauvaises herbes le loisir de se développer. Puis, le partage de l’héritage devenant plus pressant d’un côté comme de l’autre, les enfants des propriétaires respectifs avait raboté le prix de plusieurs dizaines de milliers d’euros. Cela avait suffi à faire oublier le mauvais état général du jardin à ces deux couples pleins d’énergie et d’imagination. Quand des personnes rejoignent un quartier en même temps, cela peut donner des résultats très différents : soit cela les rapproche, soit ils se sentent en compétition. Très clairement, les Martin et les Marteau eurent à cœur dès leur arrivée de conquérir le voisinage et de décrocher le titre de meilleur nouveau voisin.

Cette compétition acharnée se joua principalement dans le jardin. A peine installés, ils s’attelèrent à transformer leur jungle en paradis terrestre. Les hommes débroussaillaient, taillaient, tondaient. Les femmes plantaient, arrosaient, bichonnaient. Si les Martin faisaient l’acquisition d’un palmier, les Marteau en ramenaient deux dès la semaine suivante. Si les Marteau optaient pour une haie rustique, les Martin répondaient par un savant mélange d’arbustes fleuris. Les roses du numéro 10 éclipsaient les tulipes du numéro 11, lequel ajoutait alors des dahlias et des myosotis. Partout dans le jardin, les plantes en pot débordaient et les potagers n’étaient pas en reste. Tomates, melons et courgettes faisaient la part belle aux fraisiers et framboisiers. Mais le gazon était le théâtre de la compétition la plus acharnée. Ils l’arrosaient tous les deux jours, protégeaient les jeunes pousses avec un filet, et évitaient même de trop marcher dessus pour ne pas l’abîmer. C’était à qui aurait le jardin le plus éclatant. Il y avait comme une course enragée dans ce déploiement de verdure. Une course dont un seul couple sortirait vainqueur.

P.S. La phrase dont je suis partie et qui n’est donc pas de moi, était « Il y avait comme une course enragée dans ce déploiement de verdure » (je n’en connais pas l’auteur). L’aviez-vous deviné ?

Une réponse sur “Bras de fer”

  1. Bien entendu je n’avais pas deviné.. par contre on sent le printemps derrière tout ça et l’envie de mettre un grand coup de balai aux mauvaises herbes pour planter, semer et récolter par la suite

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