Mon moment préféré du mois, c’est quand les humains seniors viennent à la maison. Non pas que j’aie une affection particulière pour les cheveux blancs – d’ailleurs, ceux de l’humaine senior changent de couleur à chaque saison, mais c’est une autre histoire – mais je sais qu’ils ne viennent jamais les mains vides. Il paraît que ce sont des « grands-parents ». Ils ne m’ont pas l’air plus grands que les autres humains, mais bon, qu’est-ce que j’en sais, je suis un chat. Le principe des grands-parents, chez les humains, c’est de s’extasier devant leurs petits-enfants (« Qu’est-ce qu’il a grandi ! ». Bof, depuis un mois, pas tant que ça) et d’arriver avec plein de valises et de sacs, comme s’ils allaient rester trois semaines. Au début, ça m’énervait, et puis j’ai compris que les sacs contenaient bien souvent des cadeaux pour les mini-humains, ce qui me laisse indifférente, mais surtout de la nourriture ! Ils ont peut-être peur que les humains les empoisonnent, et vu ce qu’ils mangent parfois, je partage leur inquiétude. Toujours est-il que parmi cette nourriture humaine que je n’ai de toute façon pas le droit de toucher – même quand ça sent bon, et j’ai envie de dire, surtout quand ça sent bon – il y a toujours une ou deux boîtes de pâtée ou petites friandises qui me sont réservées. L’humaine trouve que la pâtée, c’est trop gras, et elle n’apprécie pas le fait que j’en laisse toujours un peu au fond du bol et que je refuse de manger ce qui est sorti de la boîte depuis plus d’une demi-heure. Elle dit que ça attire les mouches – oui, je suis d’accord, elle est un peu rabat-joie. Les humains seniors, eux, ne peuvent pas résister à mes miaulements. Comme ils sont deux, j’arrive souvent à leur faire croire que je n’ai pas mangé alors que l’autre m’a nourri il y a à peine dix minutes. À chacune de leurs visites, je prends au moins 200 grammes. J’ai vu sur le calendrier qu’ils revenaient bientôt. J’en salive d’avance…