Ce texte est inspiré d’un fait divers dont vous avez sans doute entendu parler dernièrement. L’histoire de Sarah, 11 ans, qui n’a pas dit non, qui ne s’est pas débattue, et qui a donc été jugée consentante par le parquet. (Je vous laisse lire les articles si vous le souhaitez, tous les journaux en ont parlé).
Il me dit « Bonjour mademoiselle ». Je ne le connais pas.
Il est grand et fort. Je ne le connais pas.
Il me parle tout bas. Je ne le connais pas.
Il me prend par la main. Je ne le connais pas.
Autour de nous, il n’y a personne. Je ne le connais pas.
Il passe sa main dans mes cheveux. Je ne le connais pas.
Il me prend par le cou. Je ne le connais pas.
J’ai 11 ans. Je ne le connais pas.
Il a 28 ans. Je ne le connais pas.
Je le suis jusqu’à chez lui. Je ne le connais pas.
Mes jambes pèsent une tonne. Je ne le connais pas.
Il me propose une grenadine. Je ne le connais pas.
Nous nous asseyons sur son canapé. Je ne le connais pas.
Je sens son souffle sur moi. Je ne le connais pas.
Il met sa main sous ma jupe. Je ne le connais pas.
Il se déshabille. Je ne le connais pas.
Il semble encore plus grand et plus fort. Je ne le connais pas.
Il est trop tard pour crier. Je ne le connais pas.
Dans ma tête je hurle. Je ne le connais pas.
Dans ma tête je m’enfuis. Je ne le connais pas.
Dans ma tête je me débats. Je ne le connais pas.
Dans ma tête je pars loin. Je ne le connais pas.
Il finit ma grenadine. Je ne le connais pas.
Il me raccompagne jusqu’à l’école. Je ne le connais pas.
Il me dit à bientôt. Je ne le connais pas.
Tout en moi s’est éteint. Je ne sais pas quand la lumière reviendra.
ne pleure pas petite Sarah, ne pleure pas… sauf que ca restera