Journal intime d’un chat domestique – épisode 16

Vous vous souvenez sans doute du moment le plus humiliant de votre vie… Si vous n’y pensiez pas, je suis sûre que c’est le cas maintenant, ne me remerciez pas. (Sinon, vous avez dû faire un blocage. Je vous conseillerais de consulter, les blocages c’est comme les boules de poil, il faut les évacuer, croyez-en ma grande expérience). Quel que soit ce moment traumatisant, ce n’est rien comparé au supplice de la collerette. Je n’ai jamais vu un humain avec une collerette, ce qui prouve que cet objet a été créé pour nous rabaisser et nous remettre à nos places d’animal domestiqué (qu’ils croient). La collerette est une épreuve subie par nombre de mes congénères et même certains chiens, il paraît (mais dans ce cas-là, c’est juste rigolo). J’ai moi-même été victime de la collerette quand j’étais petite. J’étais douce et câline alors. J’aimais mes humains inconditionnellement, je les croyais incapables de toute cruauté, ils me donnaient à manger, un abri quand il pleuvait, le tout contre quelques caresses ma foi plutôt agréables (excepté celles dans le sens inverse du poil des mini-humains, mais j’étais presque prête à leur pardonner). Mais un jour, ils m’ont amenée chez le vétérinaire, et là je ne sais pas ce qu’il m’a fait, mais un truc définitif qui m’a privé à tout jamais de la possibilité d’avoir mes propres enfants. Et qui m’a demandé mon avis ? Personne, bien sûr. Je dois avouer qu’avec le recul, ça m’arrange, j’ai une expérience concrète des enfants version humains, c’est bruyant, pas autonome pour un sou et au bout du compte ça cherche à vous piquer votre bouffe et votre territoire (en embarquant votre santé mentale pour la route). Donc si ce n’était que ça, j’aurais pu leur pardonner. Mais pour la collerette, jamais. Imaginez passer de longues journées à ne pas pouvoir vous laver (pour les chats, c’est important l’hygiène… en tant qu’humain vous ne pouvez pas comprendre), à ne pas pouvoir passer votre patte derrière l’oreille pour annoncer la pluie (ah ah, il n’y a que les humains pour croire à ça), à se cogner contre les murs parce qu’on n’a plus d’équilibre, à devoir recalculer sa trajectoire sans arrêt parce qu’on prend plus de place que d’habitude (un peu comme les humaines quand elles ont un peu trop mangé, vous savez, celles avec un énorme ventre comme un ballon), à ne pas pouvoir boire ni manger sans se contorsionner, sans parler des siestes, obligée de s’appuyer contre un morceau de plastique… Ça vous traumatise pour une vie entière, croyez-moi ! Le pire, c’est quand ça vous gratte quelque part, et que vous ne pouvez rien y faire ! Vous imaginez, ça ? Je vous le dis, cet objet, c’est un instrument de torture, pur et simple. Ça n’a aucune utilité pratique, à part de nous empêcher de vivre notre vie. Après les humains s’étonnent que je n’aie jamais été la même ensuite. Plus distante, moins câline. Maintenant, je sais à quoi m’en tenir avec les humains. Je sais que les plus gentils d’entre eux sont capables des pires exactions. Je sais ce qui peut se cacher derrière les gestes d’affection et les caresses. Tout comme je sais que je ne suis pas à l’abri de subir de nouveau le supplice de la collerette si un jour, les humains sont mécontents de moi et veulent réaffirmer leur supériorité sur celle qu’ils prétendent aimer. Mais croyez-moi, je ne suis plus la même, et cette fois-ci, je serai prête. Approchez une collerette de moi, et vous verrez si je me laisse faire ! 

2 réponses sur “Journal intime d’un chat domestique – épisode 16”

  1. Très amusant , c’est toujours intéressant d’écouter pupuce , on apprend plein de trucs et c’est joliment raconté

  2. c’est toujours intéressant d’écouter pupuce , on apprend plein de trucs et c’est joliment raconté

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