Journal intime d’un chat domestique, épisode 14

Ils m’ont encore abandonnée. Si j’avais le téléphone, j’appellerais la SPA, mais à défaut je vais quémander quelques croquettes chez les voisins. Il me suffit d’aller en face, chez les humains de ma sœur, ils ont adopté plus ou moins officiellement trois chats, un de plus ou de moins, ils ne verront pas la différence. Je n’ai pas de calendrier, mais mes humains partent bien trop souvent à mon goût, surtout quand il fait froid et qu’il pleut. Ils ne sont pas totalement indignes, j’ai dans le garage une panière avec une couverture, et l’humaine me laisse des croquettes et un bol d’eau. Le problème, c’est que tous les chats du quartier connaissent la combinaison de ma chatière (indice : il suffit de passer la tête dedans), et que le stock de nourriture n’est pas infini, alors quand leur absence se prolonge, j’utilise la carte « joli petit minois » et je vais faire un tour dans la maison d’en face. Je sens bien quand les humains s’apprêtent à partir en « vacances » (pour une définition de ce mot, regardez dans le dictionnaire, sous « abandon »). Les mini-humains s’excitent, l’humain s’énerve et l’humaine s’agite dans la maison en vidant les placards et en les transférant dans des valises. Elle court comme un poulet sans tête, sûre d’avoir oublié quelque chose, alors moi, de peur que cette hyperactivité soit contagieuse, je vais me cacher dans un coin pour dormir. Sauf que ces jours-là, je suis encore moins libre de mes mouvements que d’habitude. Sa marotte, c’est « Où est Pupuce ? » Elle interroge toute la maisonnée, ferme toutes les portes à double tour, bref, elle m’a à l’œil. Du coup je ne peux même pas tenter la technique de certains chats pour empêcher leurs humains de partir en vacances : se glisser carrément dans leurs valises… Remarquez, à mon avis, ça ne fonctionnerait pas, ils sont un peu limités, mais pas au point de ne pas remarquer un truc poilu de trois kilos au milieu de leurs vêtements. En plus, je n’ai aucune envie de les accompagner, mon territoire me convient parfaitement, thank you very much ! Ce qui m’embête dans les vacances, ce n’est pas tant l’absence des humains (même si un ou deux câlins par jour, ce n’est pas de refus) mais l’inaccessibilité des lits et canapés. Voilà pourquoi je repousse l’échéance le plus possible en espérant qu’ils m’oublient sur place. Ce qui est improbable, avec l’humaine et ses yeux laser prêts à me débusquer dans le moindre recoin pour me mettre dehors avant leur départ. Comme si je n’étais pas suffisamment grande et mature pour faire du housesitting ! Bon, j’avoue que s’ils me chargeaient d’arroser leurs plantes, je serais bien embêtée, mais pour assurer la sécurité de la maison, je suis sûre que je saurais me débrouiller. Un peu de confiance, bon sang !

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