Journal intime d’un chat domestique, épisode 9

(Voici la suite de l’épisode 8. Pour ceux qui ne l’ont pas lu, d’abord je ne vous félicite pas, et ensuite, vous savez ce qu’il vous reste à faire…)

Où est-ce que j’en étais, déjà ? Ah, oui, l’humaine a coupé le moteur et la musique (ouf), et nous sommes arrivées à la porte d’un immeuble tout blanc, où le sol était nettement plus propre que chez mes humains. Bon point, mais je savais que ça cachait quelque chose. D’autres humaines étaient là, qui ont bavardé avec la mienne comme si on était dans un salon de thé et nous ont invitées à nous rendre dans la salle d’attente « Spéciale chats ». (J’ai apprécié cet effort, avant de découvrir qu’en réalité, nous étions tous dans la même pièce et que la frontière n’était que virtuelle). Tout à coup j’ai vu des petites moustaches s’approcher. Un autre chat, mais libre celui-ci. Qu’est-ce qu’il avait donné aux humains pour avoir le droit de se balader tranquillement sans être fourré dans une boîte ? En tous cas il était pas du genre stressé. Il s’est mis à tourner autour de ma boîte, à donner des coups de patte et il a même poussé le vice jusqu’à monter dessus. Il avait pas plus de 4-5 mois mais je lui aurais bien foutu une rouste. Le problème c’est que j’étais dedans, et lui dehors. Ça m’a passablement énervé : tout ce que je pouvais faire c’était attendre que ça passe. Tout à coup il a disparu. Mon soulagement a été de courte durée : il avait simplement repéré une paire de chiens qui venaient subir le même sort que moi. Pour une fois, j’étais contente d’être dans ma caisse. Surtout qu’ils n’avaient pas l’air commode. Le petit chat, qui jusqu’ici se comportait comme s’il était propriétaire de l’établissement, s’était volatilisé. Heureusement, avant que ça tourne au pugilat, un humain en blouse blanche est arrivé. Quand il a ouvert la boîte, je suis sortie, sans trop me faire prier (OK, un peu, mais j’ai pas mis les griffes, promis). Il a commencé à me faire des compliments, lui aussi. Décidément, c’est une manie chez les humains, soit ils s’excusent, soit ils nous caressent dans le sens du poil pour nous faire oublier les mauvais traitements qu’ils nous infligent. « 3,4 kilos, elle est restée exactement au même poids que l’année dernière, bravo ! » Et l’humaine de se gargariser. En même temps, c’est pas comme si je participais à un concours de beauté… Il m’a donné un coup de peigne, jusqu’ici ça allait, mais je savais que ça allait se corser. Je vous épargnerai les détails de la suite des opérations, je suppose que vous savez comment on prend la température… Je ne préfère pas en dire plus. Et puis comme si ça ne suffisait pas, quelque chose m’a piqué la fesse droite, la douleur n’a pas duré mais c’était très désagréable. Et puis hop, retour dans la boîte. Pour le coup, j’y suis rentrée au pas de course. En revenant dans le hall, on est retombées face aux deux humaines toujours aussi mielleuses, le petit chat est revenu faire son intéressant en montrant que lui était libre d’aller où bon lui semblait mais à bien y réfléchir, je ne l’envie pas, il passe son temps à proximité de gros chiens, de canaris et autres « animaux domestiques » et à mon avis les humains doivent le torturer beaucoup plus souvent que moi. Une des humaines a essayé de m’acheter en me donnant des friandises, je les ai prises, ça n’engage à rien, mais c’est pas comme ça qu’on arrivera à me faire taire. J’ai résolu de tout dire sur cette horrible expérience, et comme vous le voyez, j’ai tenu ma promesse.