Dans la maison de mon arrière-grand-mère

Si vous avez des enfants, vous connaissez peut-être Aldebert, auteur-compositeur-interprète qui s’est spécialisé depuis une dizaine d’années dans les albums pour enfants et grands enfants. Si vous ne le connaissez pas, enfant ou pas, je ne peux que vous conseiller de l’écouter. C’est drôle, émouvant, décalé, jamais niais, et nombre de ses chansons peuvent être utilisées comme base d’une consigne d’écriture… Ce que nous avons donc fait récemment, à partir d’un des titres d’Enfantillages 2, qu’il partage avec Louis Chédid, « Dans la maison de mon arrière-grand-père ».

Lisez et écoutez, ou bien l’inverse !

Dans la maison de mon arrière-grand-mère, on entre à petits pas, en évitant de respirer trop fort, de peur de perturber rien que par notre présence des dizaines d’années de vie accumulées

Dans la maison de mon arrière-grand-mère, tout a une place et tout est à sa place, le moindre bibelot, le moindre vase, tout, à part nous peut-être

Dans la maison de mon arrière-grand-mère, le temps s’est arrêté il y a plus de 30 ans, quand mon arrière-grand-père a quitté les lieux

Dans la maison de mon arrière-grand-mère, il y a une odeur d’avant, que je ne saurais pas définir mais qui reste même en ouvrant grand les fenêtres

Dans la maison de mon arrière-grand-mère il y a des photos sur la cheminée, dans l’ordre chronologique, en noir et blanc, des photos de mariage, de bébés qui n’ont guère plus de cheveux aujourd’hui, puis les couleurs arrivent, les coupes de cheveux se font plus modernes, jusqu’au dernier arrière-arrière-petit-fils qui a été ajouté il y a peu

Dans la maison de mon arrière-grand-mère il n’y a pas de place pour les cris, les parties de cache-cache et les enfants mal élevés

Dans la maison de mon arrière-grand-mère il y a toujours un petit quelque chose à grignoter et un cadeau emballé

Dans la maison de mon arrière-grand-mère il y a mon arrière-grand-mère, trônant sur son fauteuil avec un chat sur les genoux

Et si un jour c’est moi l’arrière-grand-mère…

Je pousserai le thermostat à fond mais me plaindrai toujours d’avoir froid. J’aurai jeté depuis longtemps mon compteur de pas et ma balance. Je ne me préoccuperai plus de l’effet potentiel d’un verre de vin sur mon foie. Mes grands garçons auront les cheveux blancs mais je m’inquiéterai toujours de savoir s’ils ont suffisamment mangé. J’aurai sans doute abandonné depuis longtemps l’idée de comprendre mon époque. J’accueillerai avec un mélange de joie et d’exaspération mes arrière-petits-enfants et, comme mon arrière-grand-mère, ma grand-mère et ma mère avant moi, je les trouverai merveilleusement vivants et atrocement bruyants.

Si un jour c’est moi l’arrière-grand-mère j’espère qu’ils oublieront mes sautes d’humeurs et qu’ils se souviendront des bons moments.

Une réponse sur “Dans la maison de mon arrière-grand-mère”

  1. Des arrières petits enfants ! Comme tu y vas toi … Et bien sur qu’ils seront bruyants et peu être bien mal élevés ( joli projet toutefois )

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