Transmission

Il a traversé le temps, fait la joie d’un paquet d’enfants, la fierté des parents découvrant leur petit monstre sous un autre jour, ah, s’il pouvait parler, nous dire ceux qui ont pleuré, ceux qui se sont plaints qu’il grattait, ceux pour qui l’essai n’était pas concluant, trop petit ou trop grand, combien de filles, combien de garçons ? Ceux qui ont fait la moue et voulu être une princesse ou un pirate, ceux dont les yeux ont brillé et qui n’ont plus voulu le quitter, toute une série de petits bouts de 4 ans sous le regard de la maîtresse qui pensait peut-être de temps en temps à sa première propriétaire, une petite fille blonde dont la maman avait des talents de couturière. Tant de mardis gras passés, de bons et loyaux services, pour revenir à son point de départ, plus de 30 ans après. La petite fille n’en est plus une, mais la transmission se fait, à un petit garçon blond de 4 ans aux yeux malicieux qu’on croirait faits sur mesure pour le rôle. Il enfile le costume vert et violet de clown, met la cravate et la perruque, ajoute un chapeau et un nez rouge, et nous voilà en 1984, ou presque. L’interprète est plus moderne, mais il y a un peu de la petite fille blonde en lui, et il annonce avec sérieux que quand le costume ne lui ira plus, on le rangera, et, dans une trentaine d’années, un petit garçon ou une petite fille, son fils ou sa fille, endossera à nouveau ce rôle avec autant de fierté.