La consigne de ce texte est la suivante :
« Vous êtes dans un train, en présence d’un couple d’une soixantaine d’années : croquis en une quinzaine de 15 lignes ».
Tu ne devineras jamais qui était à côté de moi dans le train. J’étais dans un carré, manque de pot, les joies de la réservation de dernière minute. Jusqu’à 2 minutes avant le départ, je pensais être peinard, j’ai retiré mes chaussures et étendu mes jambes, je me suis dit que j’allais faire un somme, et les voilà, Monsieur et Madame Clopinet, les profs de physique/chimie au lycée. La terreur et le dictateur ! Je te dis pas, ils ont pris un coup de vieux, ils doivent bien avoir 60 balais. Pas de chance, ils m’ont reconnu tout de suite. Il a fallu que je leur fasse un résumé de ma vie depuis 20 ans. Ma carrière, le nombre d’enfants, leurs prénoms. Si j’ai des nouvelles d’untel ou une telle… Un cauchemar. Les lèvres de la mère Clopinet blanchissaient un peu plus à chacune de mes réponses. Ils échangeaient des regards de connivence. J’étais de plus en plus rouge, comme au lycée quand ils annonçaient les résultats d’une interro. Elle, elle n’a pas trop changé, elle est juste un peu plus rabougrie. Des rides partout, un vrai Shar-peï. Mais lui, je ne sais pas ce qu’il est arrivé, alors qu’il était si imposant, il a fondu. Peut-être des problèmes cardiaques. Vu qu’ils en étaient presque à me demander la couleur de mes sous-vêtements, j’aurais peut-être dû mettre les pieds dans le plat, le questionner sur sa santé. Je te jure, ça a été les trois heures les plus longues de ma vie.
Ils sont gentils tes soixantenaires de vouloir tout savoir, ils ont trouvé une occupation … Léger et bien vu